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par **Historien** » Lun Jan 02, 2006 9:28 pm

(nicozouillzoum)

15 jours de permission, il se demandait bien ce qu?il allait pouvoir en faire?

Depuis 6 mois désormais nico était affecté à des taches administratives, à l?arrière du front, dans une petite ville d?Espagne peu touchée par les ravages de la guerre. Au début cette affectation lui avait particulièrement plu.
Un peu de décompression après 6 mois de tension au combat, mais désormais il ressentait un appel au plus profond de lui?

La veille, le sergent-chef qui dirigeait son service lui avait signifié sa permission, celui-ci n?avait pu s?empêcher de lui souhaiter de prendre du bon temps et de s?amuser avec un sourire narquois. Pathétique?
Il supportait de moins en moins les personnes avec qui il partageait son travail. La plupart étaient des fils de notables lunaires, descendus de la Lune pour les 12 mois de service minimum obligatoire. A la fin de celui-ci, ils regagneraient leur foyer, leurs études peut être, ou un autre bureau. Après tout pour eux peut importait ici ou sur la Lune, leur tache de gratte papier était identique?

Le travail proprement dit consistait à organiser la logistique et l?intendance des différents détachements de la Force Lunaire dans cette partie de l?Europe. A son arrivée dans cette partie logistique, il avait trouvé cela intéressant. Il pouvait suivre l?évolution des combats, la stratégie globale de la FL, et était même parfois au courant d?opérations confidentiels nécessitant un équipement particulier.
Après tout se disait-il, qui mieux qu?un soldat comme lui avec l?expérience du front pouvait savoir ce dont aurait besoin tel ou tel compagnie pour une configuration d?action donnée ?

Il avait malheureusement vite déchanté. Ses collaborateurs prenaient leur tâche bien trop à la légère. Il leur importait peu que les troupes sur le front soient correctement ravitaillées. Ces hommes n?avaient rien de commun avec les soldats qu?il avait connu au feu, ils ne pouvaient les comprendre et surtout ne le voulaient pas?
Cela débouchait souvent sur des erreurs absurdes : erreur dans les calibres de munitions, stock d?armure d?invisibilité envoyé à une section en lockage? Toute sorte de chose insupportable pour un homme qui connaissait la valeur que représentait la moindre cartouche face à l?ennemi.

Lorsqu?il s?en rendait compte et le leur signifiait, ils le toisaient avec un sourire moqueur lui répondant que quelques jours de retard pour une caisse de 5.56 ne changerait pas le destin de cette guerre. A chaque fois que cela se produisait il ne pouvait s?empêcher d?allumer son com-link et le régler sur les fréquences opérationnelles des sections concernées :

- « Mon colonel, la situation devient critique, les impériaux prennent d?assaut nos positions, nous avons bien reçu les caisses de 50BMG mais pas celles de 5.56, que se passe t?il ? nos quelques snipers de soutien ne vont pas pouvoir les repousser longtemps? »

- « Euh? désolé lieutenant il semble y avoir eu une légère erreur à l?intendance, le 5.56 arrivera d?ici 2 jours pas avant. D?ici là vous devez tenir ces positions quelque soit l?envergure de l?attaque impériale et les pertes, c?est un ordre des généraux !! Economisez les munitions, et passez au corps à corps s?il le faut, mais tenez bon sang? »

- « Transmettez aux gars de la logistique qu?ils nous font chier bordel !! Nous ne tiendrons pas sans les armes de feu court !! Ah autre chose dites leur que l?équipement médical ce n?est plus la peine, nous serons tous mort avant qu?il arrive? »

- « Lieutenant, attendez !! » *communication interrompue*

Quelques jours après, il regardait les listes de soldats clonés récemment, ne pouvant que constater ce qu?un collectif de sous officiers qui ne se souciait pas de leur tâche pouvait entraîner comme conséquences au front?

Lors de sa réaffectation à ce poste nico avait également espéré un retour à une vie en partie civile, malgré ses efforts pour s?intégrer au sein de ses collègues et de la population locale il n?en fut rien, peut être aussi à cause des démons qui le hantaient depuis son départ du front.
Les hommes qui travaillaient avec lui l?avaient toujours considéré d?une manière bizarre. Sa volonté de bien faire les dépassaient complètement. Ils ne voyaient en lui qu?un soldat aigri, usé par des combats qui ne pouvaient être aussi intenses qu?on le prétendait, et retiré à l?arrière du front pour fatigue mentale.

Pour ces bureaucrates endimanchés, il était une source de moqueries régulières.

Cet huluberlu ne pouvait se résoudre à quitter l?uniforme de sa compagnie : les Anges Déchus. Ce nom ne signifiait rien pour eux, à peine une notion de compagnie de défense. Sans doute des planqués qui campent dans les Qgs arrières pensaient ils, pas de quoi être plus fiers que nous les administratifs !!
Jamais ils ne pourraient comprendre ce que signifie réellement le mot défendre?

La médaille de valeur militaire qui orne son uniforme ? « Bah? tu parle n?importe quel troufion qui se prend une balle au front doit en recevoir une de médaille. En plus celle là est commune ils ont du prendre un tir sur tout le Qg haha !! »
Ils ne pouvaient pas s?imaginer combien de souffrances, de morts, et de sacrifices pour un bout de métal doré insignifiant?

Le fait qu?il gardait toujours sur lui son couteau de combat, un Beretta chargé, et sa puce de clonage ? « Il est fou ce type, comme si l?élite impériale allait débarquer dans ce bled paumé !! »
Réaliseraient ils un jour que c?est lorsqu?on attend pas l?ennemi qu?il est présent, que la ruse est une des meilleures armes au monde ? Peuvent ils imaginer qu?au combat la moindre arme de poing peut être capitale ?

Le plus dur était cependant de devoir obéir à des bleus, n?ayant d?autorité dans ce service administratif que par le fait d?un père sénateur ou juge. Certes il n?était qu?un adjudant chef mais recevoir des directives absurdes de la part de simples sergents imbus de leur personne le mettait hors de lui.

Au fil du temps il devint totalement inabordable, se limitant aux échanges de paroles obligatoires liés au travail. Il ne pouvait plus supporter de lire les noms des clonés en se disant que s?il avait été là peut être?
Au fond de lui il sentait le besoin de rejoindre ses frères d?armes, la seule famille qu?il n?ai jamais eu, les Anges Déchus. Plus que tout il voulait retrouver l?ivresse du combat, et à nouveau remplir l?unique rôle qu?il s?était fixé dans cette guerre? défendre ses frères lunaires?

par **Historien** » Lun Jan 02, 2006 9:28 pm

Plus le temps passait, plus son besoin de retourner au front grandissait, cependant il ne pouvait se résigner à quitter ce poste, laisser libre court à l?absurdité des hommes qui partageaient son service et dont tant de vies dépendait.

Il se devait de protéger les soldats lunaires d?une administration incompétente, mais il voulait avant tout les aider face à leurs ennemis directs alliés et impériaux. Sa décision était prise, il devait avertir l?Etat Major des disfonctionnements graves du ravitaillement et retourner combattre sous l?étendard des Anges.

Un seul homme était capable de comprendre la situation, de comprendre ce qu?il ressentait au fond de lui, le seul qui lui avait un jour fait confiance alors que tous le dédaignait : Elbereth.

Accoudé au rebord de sa fenêtre par cette claire nuit d?hiver il fixait la Lune pensif. Le froid glacial inhabituel en cette région du globe affectait peu un corps habitué aux pires conditions de combat. De toute manière son esprit était bien ailleurs, il était à nouveau reparti dans un songe éveillé où défilaient les événements qui s?étaient produits depuis son arrivée sur Terre.

Ces vingt années passées sur la Lune, il n?en avait aucun souvenir. On les lui avait effacé tout simplement, sur son dossier on pouvait lire :

*soldat ayant demandé le retrait de sa mémoire avant son arrivée sur Terre*

Parfois il se posait la question de savoir pourquoi il avait fait cette démarche : amour impossible, famille décomposée ? Mais il savait que la réponse la plus probable faisait de lui un criminel? Dans les bagnes lunaires, le choix était simple pour les condamnés de longue durée : passer sa vie à extraire le minerai à la force des bras, ou accepter un effacement total de la mémoire suivi d?un billet aller simple pour la Terre.

Il y voyait une certaine ironie du destin. Lui, peut être un des pires meurtriers qu?avait connu la Lune, se battait désormais pour elle, et pour protéger ces frères de cette même mort qu?il avait peut être semé jadis?

De toute façon cela n?avait aucune espèce d?importance. Pour lui, sa naissance réelle datait de ce matin brumeux de début mars, où la porte du vaisseau s?était ouverte sur une vaste étendue aride, il aperçut une pancarte rouillée : « Buenos Aires ».
Là ils furent rapidement pris en charge par quelques sergents tyranniques, 2jours de cours théorique sur la FL, les grades de l?armée, quelques séances de tir et ce fut tout?

par **Historien** » Lun Jan 02, 2006 9:28 pm

Nico se tenait à la sortie de l?ancienne capitale de ce qu?on appelait autrefois l?Argentine, lui avait on dit. Les nombreux bombardements effectués par l?ennemi sur le central de tubage avaient transformé le paysage, il se dit que les cratères lunaires devaient fortement ressembler à ce qui s?offrait à ces yeux. Il n?arriva pas à s?en souvenir?

Quelques minutes auparavant, le sous-officier qui s?était chargé de son petit groupe leur avait annoncé qu?ils allaient enfin aller se battre pour leur nation. Enfin, les propos tenus ressemblaient plutôt à ceux-ci :

« Alors bande de petits gigolos, on se sent prêt à aller vider ses tripes dans la boue pour la patrie ? »

Ce à quoi ils avaient tous répondus : « Oui chef !! »

A l?intendance on leur avait à chacun distribué leur paquetage, quelques vêtements, et des rations de survie.

Dans la file d?attente de l?armurerie, il avait admiré les Famas et M-60 bien rangés sur les étagères derrière le comptoir. A son passage, il s?attendait au moins à recevoir un des mp5 à la gauche de l?officier gérant. Lorsque celui-ci sortit du fond d?une caisse poussiéreuse un Beretta modèle 92 il cru d?abord à une boutade envers un nouveau arrivant.

L?officier habitué à ses scènes, capta son regard surpris, il répondit avant même que nico ai le temps de poser sa question :

- « Ordre de l? Etat Major, les trouffions n?ayant aucune expérience du feu ne recevront comme équipement qu?un simple pistolet et leur couteau de combat. »

- « Mais je ne pourrais rien faire au front avec cette antiquité et un seul chargeur !! Et mon armure ? »

- « Aucune armure pour les trouffions, elles sont trop coûteuses et limitées en nombre pour vous les confier »

- « Mais je? »

Le soldat derrière lui intervint avec un sourire narquois, un adjudant chef ou un major d?après le nombre de galon :

- « Allez ! pousse toi on est pressé nous, pas la peine de négocier ici... »

Il du se résoudre à sortir du bâtiment, soupesant et examinant son arme qui lui semblait bien ridicule, celle dont aujourd?hui il ne pourrait se séparer. Il se dirigea d?un pas vif vers une tente médicale, pressé d?en avoir fini avec toutes ces formalités.

Sous la toile de tente, il fut accueilli par une jeune caporale portant une blouse blanche immaculée mis à part l?insigne des Larmes de Seluné brodé sur le c?ur. Il s?attendait à toute une série de mesures de ses capacités physiques, et de test pour évaluer son état de santé, il n?en fut rien. La jeune infirmière lui fit simplement une prise de sang et de dirigea vers un ordinateur.
Le sang fut déposé dans une sorte de centrifugeuse, des analyses sans doute pensait il. La jeune femme récupéra un petit carré de métal brillant sorti d?une petite machine grise. Elle l?accrocha à une chaîne en titane, et le lui tendit avec un charmant sourire :

- « Voilà nous avons terminé l?analyse de votre ADN. Si vous mourrez, ce qui ne manquera pas d?arriver un jour croyez moi, vos compagnons n?auront qu?à nous transmettre cette puce pour que nous vous donnions une nouvelle enveloppe charnelle. Il est donc très important que vous portiez cette plaque autour du cou en toute circonstance. »

- « Euh mais cela arrive fréquemment que l?on nous (il chercha un instant le mot adapté et ne trouva que celui-ci) ? clone ? »

- « Oui bien sur tous les jours il y a des clonés, certains prennent plus de risque et le sont plus souvent c?est tout !! »

Elle lui adressa un petit sourire et continua :

- « Regardez moi j?ai subit deux clonages lorsque j?étais affecté sur le front et me porte comme un charme. Bon je dois avouer que sur le moment la sensation de la mort et celle du clonage sont assez douloureuses? »

- « Merci pour tout articula-t-il péniblement »

Il sortit rapidement de la tente ainsi que du camp perdu dans ses pensées. Il ne prit pas le temps de lire l?affiche qui indiquait :

« Pour ne pas combattre seul et inutilement, rejoignez une compagnie !! »

Devant lui la route s?ouvrait désertique, on lui avait dit que les combats avec les troupes alliées se déroulaient plus au nord, il décida de s?y rendre, il était prêt à se battre pour la Force Lunaire et ses idéaux à main nue s?il le fallait. De toute façon s?il mourrait on lui redonnerait une seconde chance?

Lorsque le sergent qui gardait l?entrée du camp le vit stopper un camion de ravitaillement qui se dirigeait vers le nord, un léger sourire se dessina sur ses lèvres.

« Encore un de ces nouveaux arrivants que je vais voir sortir traumatisé de la cuve dans deux jours? Mais que croient ils donc ? »

par **Historien** » Lun Jan 02, 2006 9:28 pm

Il était arrivé la veille au soir, le conducteur du camion qui l?avait amené jusque là, un troufion tout comme lui, lui ayant simplement souhaiter bonne chance. De la ville où, il venait de débarquer il ne connaissait rien, qu?importe il n?était pas là pour le tourisme mais pour combattre. Demain il apporterait sa jeunesse et son courage en première ligne sur le front.
Déambulant dans le campement, il trouva rapidement le secteur réservé aux indépendants, après quelques protestations, un sergent chef lui fit une petite place dans une tente commune?

La plaine s?ouvrait devant, lui au loin les coups de feu et cris de souffrance résonnaient, un combattant expérimenté à la seul écoute de ces bruits aurait compris que ce front n?était pas pour un troufion, mais personne n?était là pour le conseiller?

Il avança la peur collée aux ventres, sa volonté d?aller de l?avant faiblissait à chaque pas, il croisa deux médecins transportant un blessé grave, le sang suintait de ses plait, ces paroles n?étaient plus que douleur et souffrance. Nico détourna son regard et découvrit le front, le vrai, celui où alliés et lunaires s?entredéchiraient au corps à corps, il remarqua la lueur des sabres laser, les forces semblaient équilibrés, il se dit qu?il avait une chance de s?illustrer en étant prudent?

A sa gauche, une étendue de friches ponctués de quelque bosquet, cela lui paru une excellente cachette pour surprendre un jeune troufion allié imprudent. Il se mit à courir dans cette direction, revigoré par l?idée de faire enfin quelque chose d?utile à la FL, il franchit les premiers bosquets de ce même pas, il ne tentait même pas de se camoufler, personne n?avait jamais jugé bon de lui en expliquer l?utilité?

Les 4 claquements retentirent en quelques secondes, ses mains se déplacèrent sur son ventre il sentit un liquide chaud et poisseux les recouvrir. Il eut juste le temps de voir à travers son regard brouillé un allié sa m4 encore fumante sortir d?un bosquet le sourire aux lèvres?

Le noir?

La lumière?

Le sérum physiologique se vidait de la cuve, il reprenait peu à peu ses esprits, tout son corps était parcouru de picotements. Son corps ? C?était comme si son esprit et son enveloppe charnelle n?étaient plus liés.

Un effort de volonté lui avait permis tout de même d?ouvrir les paupières, ses yeux découvrant une salle circulaire aux murs blancs. Il pouvait voir les alcôves disposées régulièrement sur le pourtour de la salle, certaines vides, d?autres avec des corps flottant dans un liquide verdâtre, la vision lui semblait irréelle.

Il mit quelques secondes à comprendre que lui aussi, se trouvait dans une de ses enveloppes de verre, et que le liquide qu?il sentait descendre le long de son corps était le même que celui des autres personnes. Un des hommes en blouse blanche qui discutait au centre de la pièce se dirigea vers lui, la paroi de verre s?ouvrit en deux. Son cerveau donna l?ordre à ses jambes de marcher, au lieu de cela il s?écroula dans les bras du docteur.

Avec un petit sourire, celui-ci prit la parole :

- « Je vois que c?est votre premier clonage, ne soyez pas si pressé, il faut que votre esprit s?adapte à votre nouveau corps »

- « Cloné ? ça veut dire que je suis? mort ? articula t il difficilement »

- « Oui vous ne vous en souvenez pas encore, c?est fréquent, votre mémoire reviendra totalement d?ici quelques heures? malheureusement pour vous songea t il. Tenez vous à moi, je vais vous aider à vous rendre en salle de repos. »

Lorsque que quelque temps plus part les circonstances de sa mort revinrent à son esprit, il ne pu empêcher les larmes de couler. Qu?était il donc ? Un troufion sans importance servant de chair à canon ? A quoi bon retourner au front, pour ressentir encore une fois cette douleur sans même avoir le temps de riposter ?

Ses illusions perdues tournant en boucle dans sa tête, il se dirigea le pas lent et l?air sombre vers la cantine de la base?

par **Historien** » Lun Jan 02, 2006 9:29 pm

5 sous? C?était ce qu?il lui manquait pour régler sa bière, la cinquième de la soirée?

Le tavernier, un civil gras, joufflu, et au teint rouge vif se tenait devant lui. Derrière, il pouvait apercevoir le fils, un colosse des plus impressionnants à la mine patibulaire.

- « Non mais regardez moi ça, elle est belle la relève de la Force Lunaire !! Ca boit plus que de raison et en plus il se permet de ne pas payer?

- Ce n?est que 5 sous?

- On va t?apprendre nous la valeur de 5 sous, coupa sèchement le fils en fermant son poing »

Les 2 gaillards s?avancèrent vers lui, il chercha du regard un quelconque soutien dans la salle, les quelques gradés et membres de compagnie ne faisait même pas attention à lui. Il ne représentait rien à leurs yeux, un indépendant de plus qui après s?être rendu compte des réalités de la guerre sombrait petit à petit dans l?alcool et l?ennui. Une loque humaine en somme?

La pièce d?argent vola devant les yeux avides du tavernier juste avant que l?énorme poing du fils ne s?abatte sur son visage?

- « De quoi payer sa dette quelle qu?elle soit ainsi qu?une bière pour moi, le reste pour ta peine?

- Euh?

- Allez, laisse nous donc. »

Le père et le fils tournèrent les talons vers le comptoir?

Son regard embrumé mis quelques secondes à discerner l?homme qui se tenait face à lui. Lorsqu?il remarqua les galons de colonel, il tenta du mieux que son taux d?alcool lui permettait de se mettre au garde à vous?

- « Repos soldat »

Il se rassit et le colonel fit de même? Il nota que désormais sa table était le centre d?intérêt de la salle.

Avec un air faussement sympathique, le fils de la maison servit son demi au mystérieux officier, le temps pour Nico de l?observer plus en détail. Il n?était pas un colosse loin de là, mais sa présence dégageait une certaine assurance. Le visage fin et le regard perçant laissaient transparaître une grande détermination. Au final sa simple présence renforcée par l?uniforme de colonel suffisait à imposer le respect.

Il prit la parole d?une voix chaleureuse :

- « Sais tu qui je suis pour commencer ?

- Eh bien? il essaya d?associer l?homme à un des colonels dont on lui avait parlé mais n?y arriva pas. Non mon colonel?

- Mon nom est Elbereth, colonel de la compagnie des Anges Déchus, cela t?évoque t il plus de choses ?

Il se contenta d?un signe de tête négatif. Dans le même temps il fixa plus attentivement l?insigne sur l?uniforme, un ange dont les ailes tombaient au sol?

Le colonel reprit :

- « Bien, je suppose que tu a atterri ici à la suite d?une première expérience amère au front n?est ce pas ? »

Il acquiesça.

- « Bon je peux te proposer un autre destin que celui d?alcoolique notoire ou pire encore. Pour cela je te demande d?écouter attentivement ce que je vais te dire, d?accord ? »

Que pouvait bien lui vouloir cet homme ? Pourquoi s?intéressait il à un troufion inexpérimenté, découragé, et sombrant dans un laxisme total ? Il ne pouvait s?empêcher d?être méfiant malgré l?aspect sympathique du colonel.

Malgré cela il ne pu s?empêcher de répondre par l?affirmative. Après tout il venait de lui éviter un passage à tabac dans les règles?

- « Ok, allez y? »

par **Historien** » Lun Jan 02, 2006 9:29 pm

Une île? à peine 2 ponts de chaque coté de celle-ci donnant sur chacune des rives du fleuve? un seul QG lunaire relié à celle-ci par le tube?

En arrivant à ce que les cartes d?Etat Major désignait comme le QG1 il eut le pressentiment que ce secteur ne pourrait finir autrement qu?en un énorme bourbier.

Le colonel Elbereth lui avait adressé des directives précises, il devait rejoindre cette zone de combat le plus rapidement possible, trouver le petit groupe d?ange déchu déjà sur place, et les soutenir avec un équipement médical ainsi que les autres compagnies présentes.

Il avait à nouveau retrouvé sa confiance en lui, enfin quelqu?un lui faisait confiance dans cette guerre, quelqu?un prenait soin de lui transmettre son savoir et son expérience pour que l?erreur grossière qu?il avait commise auparavant ne se reproduise plus, pour qu?enfin il soit utile à son armée.

A sa sortie du tube il s?était retrouvé quelque peu perdu, ne sachant où trouver ses nouveaux compagnons de combat dans le camp. Une voix de femme interrompit ses pensées :

- Nico ?

Il se retourna et découvrit une femme des plus charmantes portant l?uniforme de sa nouvelle compagnie :
I
- Oui c?est moi. Je viens d?arriver chez les Anges, vous connaissez mon prénom ?

- Les nouvelles circulent vite au sein de la compagnie, Elbereth m?a demandé de venir t?accueillir et te guider dans le camp.

- Tant mieux je me sentais un peu perdu?

- Viens avec moi à l?armurerie, il a été décidé que vu ta faible expérience tu jouerais un rôle de médecin, ils vont te donner le matériel nécessaire?

Il lui emboîta le pas dans le dédale de tentes que formait le camp. L?idée de jouer au docteur lui plaisait peu, selon lui il aurait été bien plus utile avec une arme de poing, et le fait de soigner plaies et meurtrissures des chairs lui inspirait un certain dégoût?

Devançant ses questions Gilthoniel lui expliqua la situation du front : Les impériaux avaient leurs positions sur la rive du fleuve. Les compagnies présentes étaient le RIGE et l?EIA pour lui ce dernier nom ne signifiait encore rien? Son équipement de médecin était donc destiné à soigner les blessés que les snipers ennemis entamaient.

Avec un léger sourire en coin elle ajouta :

- M?enfin, l?EIA n?est pas connue pour faire dans l?entame de cible?

Il ne su comment interpréter cette dernière parole.

Après un rapide passage à l?armurerie où lui fut remis sa trousse de secours ils se dirigèrent vers la tente réservée à leur compagnie. Elle était vide?

A son regard interrogateur, elle répondit simplement :

- On est pas ici pour dormir, allez viens tu vas voir un vrai front?

Plus ils avançaient vers la rive, plus l?herbe de la plaine laissait la place à une boue infecte, plus ils croisaient d?infirmiers ramenant vers l?arrière des blessés, plus la mort faisait sentir sa présence?

Enfin ils arrivèrent à la position tenue par les Anges, le groupe était plus restreint qu?il l?avait imaginé, Elbereth lui avait parlé de certaines difficultés de maintien des effectifs? Ils étaient une dizaine pas plus.

par **Historien** » Lun Jan 02, 2006 9:29 pm

Rouge

Tout était rouge, pas seulement les uniformes des impériaux qui petit à petit les grignotaient depuis l?autre rive? Rive ? A cause de la construction d?un barrage allié en amont le lit de la rivière n?était plus que boue facilitant les intrusions ennemies.

Rouges ses mains qu?il plongeait dans les chairs meurtris par les snipers ennemis pour tenter d?en extraire un bout de métal, rouges son équipement et ses vêtements, rouge encore la boue infecte qui commençait à envahir toute l?île et à laquelle se mélangeait le sang et les tripes des blessés et des morts.

Le QG était désormais devenu un tombeau, le tube avec le QG6 à l?arrière avait été rompu par une man?uvre subtile des impériaux, ils étaient tout simplement encerclés. Les forces lunaires tentaient tant bien que mal de mettre la pression sur ce QG de replis avant que l?inévitable assaut final ne soit donné par l?EIA?

La situation sanitaire était déplorable, les blessés graves ne pouvaient être évacués, bien souvent achevés par un sniper plus habile que ses congénères. Les vivres commençaient à manquer, les médecins également?

Ils étaient désormais 5 dans ce que le colonel appelait la section cupidon, placés directement sous ces ordres. Un jeune homme à l?âme de poète nommé Kyriane Feals ainsi que son compagnon Kabal Sei-Ru, le terme d?ange définissait bien leur aspect, mais on en arrivait à se demander comment 2 êtres à l?apparence aussi raffinée en était arrivé dans un bourbier comme celui-ci. Les 2 autres recrues se distinguaient par leurs accents, le professeur Helmut Furrax était d?une culture scientifique rare, on l?aurait plus imaginé en train de concevoir une arme dans un laboratoire sur la Lune, son ami Bug Mac Lock était quant à lui un écossais de pure souche.

La section cupidon, une certaine ironie lui avait sauté aux yeux quelques jours auparavant. Le cupidon sensé apporter joie et bonheur dans les c?urs. Un c?ur, il en avait vu un, cesser lentement de battre à travers une plaie béante où armure et chairs se mêlaient. Rien, il n?avait rien pu faire?

Les autres soldats de la compagnie étaient des séraphins, représentant la vitesse d?action, la furtivité et la précision, certains avaient optés pour un sniper, d?autres pour une plus classique m4. Un seul homme semblait se démarquer parmi aux : Veskit, on le désignait comme un juge, personnage sombre et énigmatique pour Nico, semblant uniquement fixer ses yeux sur le QG quand bien même l?ennemi lui aurait tiré dans le dos?

Rouge

Rouge les uniformes impériaux qui avaient enfin traverser la rivière, rouge les yeux infestés de haine de ceux qui avaient tubés, rouge la vague qui déferlait sur l?île?

Il avait ramassé un mp5 à la va vite sur le cadavre d?un plus malchanceux que lui, et tentait de se rapprocher par le nord du centre de tubage.

Son Com-link indiqua un appel, il prit la communication :

« Ici Elbereth, la situation est désormais désespéré, Veskit réussit tant bien que mal à garder sous notre contrôle le tube. A ceux qui sont dans la zone de tubage, je demande une coordination exemplaire nous n?aurons pas beaucoup de temps. Aux autres trop distants de la zone de tubage fuyez par l?ouest et rejoignez le QG6 nouvellement lunaire, ils ne vous feront pas de cadeau? Fin de communication que la Lune vous garde? »

Fuir, il devait se résoudre à fuir?

Avant cela il lui restait une dernière chose à accomplir, il saisit son arme et s?approcha de la zone centrale des combats, il lui restait à peine deux balles dans le chargeur. Il discerna un soldat à l?uniforme de l?escadron impérial d?assaut, sans prendre le temps de réfléchir il épaula et appuya sur la gâchette, le coup loupa sa cible? Il se reconcentra, l?homme tourna la tête et l?aperçut, il fit feu, la balle toucha l?armure arrachant au colosse comme seul douleur un sourire narquois, puis il s?enfonça dans la masse grouillante autour du centre de commande?

Avant de partir se dissimuler dans les marais de la rive ouest de l?île, il jeta un dernier regard sur le théâtre des combats. La masse rouge semblait tout détruire sur son passage, seul un îlot bleu proche du centre de commande subsistait. C?est alors qu?il les aperçut, Elbereth et Gilthoniel couvrant les cotés, Le Cobaye et Le Terminator ouvrant une voie vers la salle de tube pour leurs frères sélénites. Dans celle-ci il discerna un uniforme des anges, encaissant les coups, l?armure en lambeau, mais toujours cette allure fière ce regard froid et impassible malgré la douleur?

Lorsque la nuit vint, planqué dans une touffe de joncs, il songea à cette compagnie, à cet idéal que le colonel lui avait exposé jusqu?à la fermeture du bar, souvenir déjà lointain? Il avait écouté, mais sans réelle attention ni conviction, cela le dépassait?

Aujourd?hui, il était fier, fier d?être un Ange Déchu, fier de ce que lui et ses frères d?armes réalisaient?

Et par-dessus tout il avait désormais un but et un idéal, quelque chose auquel se raccrocher, défendre la vie de ses frères au mépris de la sienne, et peut être un jour faire ce que Veskit avait fait aujourd?hui?